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Notes pour une sémiologie de l’œuvre-monogramme
à propos du concept de slow work énoncé par Kl Loth
(Michel Jeannès)

Kl Loth, qui, en 76, avait écrit le Manifeste des fourmis brodeuses (texte cut-up) énonce quelque trente ans plus tard le concept de Slow work, étayant sa réflexion sur le modèle du fast food tout en prenant le contrepoint, à savoir « lenteur et faible taux d’énergie ».

Confronter la formulation de ce concept à notre méthode permet d’en élaborer la grammaire :
le mot slow  — lent en anglais — désigne aussi la danse archétypale de la rencontre amoureuse ; en cela, l’emploi du mot slow dans un concept énoncé pour définir un mode d’être et de production inscrit ce mode-même dans la préoccupation de l’artiste pour le sentiment amoureux, en tant que jeu-thème de prédilection.

Au pied de la lettre, nous notons que les lettres K et L sont présentes dans Slow Work.
Cette formule présente une symétrie entre les morphèmes low/wor. Symétrie quasi parfaite pour peu que l’r s’altère en l (l’air s’allitère en mouvements d’ailes), ce qui est le devenir de ces lettres dans certains pays où l’on les roule. Lu en boustrophédon, le mot work devient donc Krow, soit, par altération « Klow »  pouvant être lu comme « Kl (in) love ».
Le redoublement des morphèmes low/row insiste aussi particulièrement sur le LO constitutif du patronyme (LO)th (1).

Enfin, il convient de souligner le redoublement de la lettre W, finale du mot Slow et initiale du mot work. Ce double « double-You » articule la formule-concept comme un couple de double-toi en émoi. Or W est le « palindrome vertical » (2) de la lettre M, lettre médiane de l’alphabet et dont dont avons montré qu’elle suivait et posait en quelque sorte une parenthèse aux lettres Kl choisies par l’artiste comme signature. « Slow work » est donc équivalent, dans cette strate spécifique du langage et par le jeu des condensations et déplacements qui sont l’apanage des traits d’esprit et du rêve, à KLOM. Kl comme Il n’y a Qu’elle et lom comme l’Homme qui l’M ou KLM. Le concept de Slow work est donc morphologiquement une émanation du jeu-thème. Quant à la « fourmi » brodeuse de signifiants (3), elle s’inscrit dans un tea for two et you fourmi qui sous-tend au fil du temps le bouche-à-bouche cousues (4) d’un seul et même motus operandi.

Michel Jeannès
1er mars 2006

(1) Sur un plan phonétique, on peut aussi, en s’appuyant sur le rapport induit par l’usage de l’anglais, ramener la prononciation du « th » de Lo(th)au « v » de the, this, that. « Lo-th » se dit alors Lo-v . Le monogramme organise donc le plan de cohérence lié au sentiment amoureux : love.

(2) Procédé mis au point par Perec consistant à effectuer une rotation de la lettre.

(3) Le travail en « Cut-up »pouvait être une première émanation du monogramme Cat(herine).

(4) L’une des cartes de la série printed by Carted traite directement du thème du secret.


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Notes pour une sémiologie de l’oeuvre-monogramme
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à propos du concept de slow work énoncé par Kl Loth
Notes pour une sémiologie de l’oeuvre-monogramme
à propos d’une carte postale de KL Loth : « secret » 2005

Sites internet : La Mercerie , La World Sunset Bank, et 1000emile.
Michel Jeannès est l'auteur du livre Zone d'intention poétique (paru en février 2005 aux éditions La Lettre volée, Bruxelles)

Voir aussi Bonjour Monsieur Bouton (Catherine Loth, 2002)