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art contemporain et écrits sur l'art
archives commentées des travaux actuels et passés de KL LOTH

 

(mêmes corrections à faire que pour la page atelier_artiste.html)

Ce texte est une variante du texte figurant sur la page consacrée au projet Le Thème de l'atelier de l'artiste. Seul le premier paragraphe a été rajouté.

LE THÈME DE L’ATELIER DE L’ARTISTE (quelques précisions)

L'invitation aux Improvisations périphériques du Jardin d'Hélys à Vaulx-en-Velin(*) étant l'occasion de témoigner du travail de création (l'œuvre en train de se faire), semblait l'opportunité adéquate pour montrer un travail qui m'est particulièrement cher…
En effet,
Le Thème de l’Atelier de l’Artiste est tout d’abord un projet précédemment intitulé “Les Porte-Parole (version sonore)”, qui a fait l’objet d’une demande de subvention auprès du Ministère de la Culture. Ce projet devait me permettre de concrétiser les recherches menées depuis plusieurs années, concernant tout à la fois une réflexion sur la pratique de l’art, ainsi que sur sa “périphérie”, j’entends par là la présentation du travail dans l’atelier à différents professionnels de l’art (critiques, directeurs de lieux d’expositions...) ou amateurs, enfin les éventuels échanges d’idées avec des confrères.
La subvention demandée ne m’ayant pas été accordée, la réalisation de l'œuvre dans toute son ampleur(1) n’est donc pas possible (je laisse cependant en arrière plan toute implication sociale et politique concernant la condition de l’artiste dans notre société, un tel sujet méritant plus ample développement, ce qui n’est pas mon propos dans cette œuvre). Mais ma motivation à voir aboutir ce travail est telle que j’ai cherché une manière de le rendre public malgré tout. Et puisque je ne peux, faute de moyens financiers propres, réaliser ce projet, je l’exposerai donc en l’état !(2)
Souhaitant rendre plus éloquent ce travail, je le présente cependant sous forme de “Porte-parole”, qui pourrait être aussi un premier élément de l’installation finale, une sorte de “console de démonstration” au fonctionnement métonymique.
Il en est résulté une hybridation entre un projet non réalisé et un objet fini. Lequel projet était déjà hybride à maints égards, conjoignant le visuel et le sonore, l'œuvre et le discours sur l'œuvre...
Le "Thème de l'Atelier de l'Artiste" maintenant a mûri, il pourrait se situer dans la tradition des nombreuses représentations que les artistes ont donné de leurs ateliers, soit comme thème proprement pictural (Braque, Matisse...), sujet d’inspiration à portée de l’œil et de la main, soit afin de “dépeindre” leurs conditions de travail, rejoignant la curiosité du public pour la vie des artistes, catégorie professionnelle qui reste encore fascinante (en témoignent de nombreux ouvrages parus sur ce thème dont Artistes et Ateliers de Catherine Lawless(3), ou encore la rubrique “Portraits” de Beaux Arts Magazine).
“L’atelier n’est donc pas un simple contenant ou un abri, il témoigne inévitablement aussi de la conception que l’artiste se fait de lui-même et de son travail, des représentations aussi que la société a de lui et de ce qu’il fait, des rapports de l’artiste à lui-même et au monde social. De Vélasquez à Bazille et Fantin-Latour, de Courbet à Matisse, de Picasso à Calder, de Rauschenberg à Bacon, nous connaissons ainsi une variété d’ateliers et de représentations. Le pouvoir, le monde, les collectionneurs, les modèles, les amis y sont tour à tour invités, convoqués ou tenus à l’écart.” (4)
Mais ici, ce thème traditionnel est traité avec les acquis de l’art contemporain, notamment l’évidence - presque reconnue aujourd’hui - que l’art se pense avec des mots (“Importance du langage, non comme expression d’une pensée, mais comme fonds radical de la pensée elle-même”(5))
Une autre caractéristique du contemporain pourrait être le questionnement du rapport de l'œuvre tant à son origine qu’à sa diffusion... Ce que devaient mettre en avant les “Porte-Parole” sonores, diffusant des entretiens avec les différents partenaires de l’artiste, ceux que l’on appelle les “médiateurs du monde de l’art”. En écho peut être à “L’Atelier” de Gustave Courbet, ou figurent “A droite, tous les actionnaires, c’est à dire les amis, les travailleurs, les amateurs du monde de l’art.”(6)

KL LOTH, 5 août 1992

(en illustration de ce texte, figurait dans mes dossiers une reproduction du tableau de Courbet, L'Atelier du peintre. Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale, 1885, huile sur toile, 361 x 598 cm, au Musée d'Orsay)

(*) Le Jardin d'Hélys continue désormais ses activités en Dordogne

(1) Se référer à la description figurant dans le texte du projet
(2) À l’exception cependant du montage financier
(3) Catherine Lawless, Artistes et Ateliers, Nîmes, éd. J. Chambon, 1990 (retrouver la page)
(4) Catherine Lawless, Artistes et Ateliers, Nîmes, éd. J. Chambon, 1990 (retrouver la page)
(5) Anne Cauquelin, L’Art contemporain, PUF, coll. “Que sais-je ?”, 1992 (retrouver la page)
(6) extrait d’une lettre de Courbet à Champfleury (référence plus précise à retrouver si possible)