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art contemporain et écrits sur l'art
archives commentées des travaux actuels et passés de KL LOTH

 

Exposition “Rencontre : KL Loth, Wang Gongyi, Nathalie Namias”, L’Embarcadère, Lyon, mars 1993

texte rédigé pour la présentation de l'exposition :

Quelques indications pour préciser le contexte d’un travail en cours  :

Souvent l’origine même de mon travail est la rencontre avec le lieu d’exposition, avec ses caractéristiques architecturales (murs, sol et plafond, ouvertures), ses particularités. C’est ma source d’inspiration, le lieu de l’émergence des formes.
Prenant le parti d’une œuvre destinée à habiter une architecture, j’ai fait le choix de l’emploi de la figure, bien loin cependant des préoccupations de l’art figuratif. En effet, celle-ci apparaît exclusivement sous forme de silhouettes, projections en “plan” du corps dans l’espace architectural envisagé comme une matérialisation du repère orthonormé de la pensée mathématique. Projection mentale (“figurée” ?) également de notre rapport physique à l’espace, de notre perception du vide et du plein... Projection encore, dans le champ de l’art contemporain, des réminiscences d’une origine culturelle frontalière (l’imagerie populaire allemande, notamment le “Scherenschnitt”(1), les enseignes, la peinture de Caspar David Friedrich...).
Cependant, le plan seul, la frontalité et ses effets de surface ne m’intéressent guère : les panneaux que j’utilise sont toujours déployés dans l’espace en trois dimensions, afin de susciter une lecture oblique ou perpendiculaire, ainsi qu’une déambulation du spectateur tout autour... Quant à la couleur, ce rouge fluorescent choisi pour son effet de “rayonnement”, sa fonction est celle d’un accent, désignant tout à la fois un dessin, un contour en ligne frontalière, mais surtout l’épaisseur du matériau (sa tranche), insistant aussi sur la réalisation des formes par technique de découpe et d’enlèvement. Situation donc de l’œuvre au clivage même où la sculpture -par définition- se démarque de la peinture. De surcroît, le choix de la silhouette, loin d’être innocent, implique que la figure soit de profil, donc regardée de coté !


Hic et nunc - l’Embarcadère  :

Cette fois-ci, c’est la forme circulaire caractéristique(2) de plusieurs fenêtres et portes qui a retenu mon attention, ouvertures marquant par une surface de verre transparent le passage d’un lieu à un autre, de l’intérieur à l’extérieur... Un espace frontalier en quelque sorte... Je n’ai donc pas résisté à la tentation de m’y insérer, questionnant par la même occasion le rapport de la figure et du cercle, au travers de cet objet plus que familier à tous : la pièce de monnaie(3). Questionnant une fois encore, à l’encontre de la force de l’habitude, le rapport entre culture nationale (par exemple française), art, et imagerie(4)...
Le travail que je propose ici a eu à faire face à une contrainte “paradoxale” pour moi, qui est l’obligation de ne réaliser que des pièces murales, en raison de l’affectation éventuelle des salles pour des réunions. Contrainte que j’ai tenté de détourner avec des pièces suggérant par un double mouvement de disparition (peinture blanche sur fond blanc) et d’apparition la troisième dimension (accent de couleur sur la tranche du matériau). Ainsi que par l’utilisation, sur le principe des portes et volets, de panneaux mobiles montés sur charnières.
La réalisation privilégie la rigueur et la simplicité : il y a volonté de transparence du processus artistique.
J’ai réintroduit dans le lieu même de l’Embarcadère, la fiction qu’il m’a suggéré...

KL LOTH, Février 93


(1) Littéralement : “découpe aux ciseaux” de silhouettes en papier noir
(2) Cf. le logo de l’Embarcadère
(3) utilisant ainsi une démarche inverse de celle qui prévalut récemment lorsque les traits des “Mariannes” figurant sur les timbres postes furent extraits d'œuvres d’art (David, Delacroix...)
(4) Ce qui d’ailleurs sera peut être une des façons d’aborder l’ensemble de cette exposition, rencontre de trois artistes de pays fort différents (c'est-à-dire Wang Gongyi de Chine et Nathalie Namias d'Israël)

À noter que je m'intéressai une première fois aux monnaiesà l'occasion d'un exposé sur les Celtes réalisé lors de ma première année d'études aux Beaux-Arts.

(extrait du dépliant de présentation de l'Embarcadère)

À consulter :
1 — l'exposition : les grands formats
2 — l'exposition : les "Miniatures"
4 — le making of
5 — la documentation